Intervention de Jacques-Bernard Magner sur le budget de la mission enseignement scolaire
Avec plus de 67 milliards d’euros, il s'agit tout de même du premier budget de la Nation !
10.711 nouveaux postes dans l’enseignement scolaire, 8.000 enseignants supplémentaires, des postes d’accompagnement pour les élèves handicapés, des postes de santé, sociaux, administratifs et 2.150 assistants d’éducation de plus.
Je suis stupéfait par les contradictions que l’on peut pointer dans les déclarations du rapporteur spécial de la commission des finances: il se réjouit de l'augmentation du nombre des enseignants dans le primaire et le secondaire tout en présentant un amendement qui propose de réduire de 150 millions d'euros les crédits de personnel de l'enseignement scolaire et ainsi de supprimer 4230 postes. A cela s’ajoute l’annulation de 15,5 millions d’euros de crédits sur les opérateurs tels que l’ONISEP, le CNED, le réseau Canopé.
La logique d'un tel raisonnement m'échappe. On sait bien que la législature précédente de 2007 à 2012 a été marquée par la suppression de plus de 80000 postes avec 1.000 écoles rayées de la carte.
Aujourd'hui, certains candidats à la prochaine élection présidentielle et non des moindres promettent près de 150 milliards d'euros d'économies.
Mes chers collègues, à l'instar de ce passé proche, je vous laisse imaginer, en termes de postes, les conséquences de cette promesse si elle devait être tenue, nous nous dirigerions vers une austérité terrible, qui verrait de nombreuses classes et écoles fermées. Proportionnellement, ce seraient 240.000 postes supprimés et 3.000 fermetures d’écoles.
On veut asphyxier le système éducatif français car on semble s'apercevoir aujourd'hui qu'il est onéreux. Certes, mais la formation de la jeunesse constitue une priorité essentielle. Du reste, malgré les réductions de postes, les enseignants n'ont guère connu de revalorisation de leur traitement entre 2007 et 2012.
Il aura fallu attendre que la Gauche revienne au Gouvernement en 2012 pour que soit proposée aux enseignants une véritable formation, qui commence à prendre ses effets, même s'il nous faudra attendre encore plusieurs années avant de pouvoir retirer tout le bénéfice de cette démarche grâce aux Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education!
Ce budget s'inscrit dans le respect de l'engagement de créer 60000 postes au cours du quinquennat. En même temps, la réforme des rythmes scolaires a permis de donner 5 vraies matinées de travail aux élèves. Celle-ci a apporté une remarquable amélioration des conditions de vie et de travail des élèves et de leurs performances en classe, les enseignants en attestent. Aujourd’hui, 90% des écoles sont engagées dans un projet éducatif territorial (PEDT) et l’Etat tient ses engagements en pérennisant le fonds d’accompagnement des communes.
La droite critique le quantitatif et dites préférer le qualitatif. Mais il n'y a pas de qualitatif sans formation des enseignants, sans aide aux enfants qui se trouvent dans des secteurs en difficulté. La Refondation de l’école votée en 2013 est une vraie réforme qualitative et elle s’accompagne de moyens. Oui, désormais les élèves sont mieux traités dans ce pays.
La rénovation des programmes et des pratiques pédagogiques dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture dès la rentrée 2016, la réforme du collège, la refonte de l’éducation prioritaire sont autant de points forts de ce budget.
Quant au projet de la droite pour l’école, vous nous l’avez exposé lors des débats de la commission d’enquête qui a suivi les tragiques attentats de janvier. Les éléments essentiels sont la hiérarchisation des enseignants, la prestation de serment des professeurs, le port d’un uniforme d’établissement pour les élèves, la notation et le recrutement des professeurs par les chefs d’établissements, des sanctions financières pour les familles pour l’absentéisme scolaire de leurs enfants, la mise en quarantaine des élèves perturbateurs dans des établissements spécialisés… C’est cela qui vous guide alors que le premier des défis à relever pour la cohésion de notre société et l’adhésion à la Nation, c’est celui de la mixité sociale et de la lutte contre l’échec scolaire.
Rappelons-nous également que les tests PISA que l’on cite abondamment ont été effectués à l'issue du quinquennat précédent. Nous attendons avec impatience les résultats des tests PISA qui seront conduits à partir de 2017. Gageons qu'ils seront bien meilleurs que les précédents.
En conclusion, au nom du groupe socialiste, je tiens à saluer la poursuite de l’effort en faveur du budget de la mission enseignement scolaire dont nous voterons les crédits présentés par le Gouvernement. Ce budget est un bon budget.